« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »
Rapport Bruntland (Notre avenir à tous), 1987
L’expression « sustainable development », traduite de l’anglais par « développement durable », apparaît pour la première fois en 1980 dans la Stratégie mondiale de la conservation, une publication de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Quelques années plus tard, elle se répandra dans la foulée de la publication, en 1987, du rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, Notre avenir à tous (aussi appelé « Rapport Brundtland », du nom de la présidente de la commission, Mme Gro Harlem Brundtland). C’est de ce rapport qu’est extraite la définition reconnue aujourd’hui : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »
Le Québec, par l'adoption de sa Loi sur le développement durable, apporte sa propre définition du développement durable:
« Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »
« Le développement durable s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. »
Tout en reprenant la définition inscrite dans le rapport de la Commission Brundtland (1987), la définition portée par la Loi sur le développement durable insiste sur le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. Cette définition est celle retenue au Québec et sera véhiculée auprès de la clientèle, des communautés, des partenaires et des fournisseurs ainsi qu’auprès du personnel de l’administration publique québécoise.
Repenser les rapports qu’entretiennent les êtres humains entre eux et avec la nature est une aspiration que partage un nombre grandissant de femmes et d’hommes. Ils posent un regard critique sur un mode de développement qui, trop souvent, porte atteinte à l’environnement et relègue la majorité de l’humanité dans la pauvreté. Le développement durable est issu de cette idée que tout ne peut pas continuer comme avant, qu’il faut remédier aux insuffisances d’un modèle de développement axé sur la seule croissance économique en reconsidérant nos façons de faire compte tenu des nouvelles priorités.
Il faut donc, passer à l’action et reconsidérer nos façons de faire en fonction de 3 priorités indissociables :
- Maintenir l'intégrité de l'environnement pour assurer la santé et la sécurité des communautés humaines et préserver les écosystèmes qui entretiennent la vie;
- Assurer l'équité sociale pour permettre le plein épanouissement de toutes les femmes et de tous les hommes, l’essor des communautés et le respect de la diversité;
- Viser l'efficience économique pour créer une économie innovante et prospère, écologique et socialement responsable.
1968 - Le Club de Rome
Fondé en 1968, le Club de Rome est une organisation internationale non gouvernementale vouée à l’étude de problématiques d’envergure mondiale – politiques, sociales et culturelles, environnementales, technologiques, etc. – dans une perspective globale et multidisciplinaire à long terme. Il rassemble des scientifiques, des chercheurs et des professeurs, des gens d’affaires, des femmes et des hommes d’État de tous les continents dont, entre autres, Mikhaïl Gorbachev, ex-président de l’URSS, et Rigoberta Menchú Tum, récipiendaire du prix Nobel de la paix pour son travail pour la justice sociale et la reconnaissance des droits des peuples indigènes en 1992.
1972 - La parution de Halte à la croissance? Rapport sur les limites de la croissance
Au cours des années, le Club de Rome a produit un grand nombre de rapports dont le premier, Halte à la croissance? Rapport sur les limites de la croissance (The Limits to Growth) a été rédigé à sa demande par une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ce rapport, publié en 1972, avait, à l'époque, sensibilisé l'opinion mondiale aux limites écologiques de la croissance économique et démographique.
Halte à la croissance? est l’un des tout premiers documents d’importance abordant le sujet des limites écologiques de la croissance économique et démographique à être publié. Il expose les résultats de simulations mathématiques menées sur l'évolution démographique et sur la croissance économique mis en corrélation avec l’exploitation des ressources naturelles. Le rapport présente des projections jusqu'en 2100:
En guise de principale conclusion, les chercheurs affirment que, si les tendances observées en matière de croissance démographique et d’accélération des processus d’industrialisation se maintiennent, les limites écologiques de ce modèle seront atteintes au terme des cent prochaines années (vers 2072) avec pour résultat un déclin rapide et incontrôlable de la population mondiale et de nos capacités à produire afin de combler nos besoins.
Aussi proposent-ils de substituer l’équilibre à la croissance en stabilisant l’activité économique et la croissance démographique. Les chercheurs du MIT présentent un modèle de développement qui n’est plus axé sur le progrès défini en termes de croissance – une croissance comprise comme une volonté d’accumulation infinie dans un monde où les ressources sont limitées – mais sur la compréhension du concept de progrès comme étant l’amélioration de notre aptitude à assurer le mieux-être du genre humain dans le respect des équilibres écologiques qui entretiennent la vie.
Au-delà de la controverse suscitée par les conclusions présentées dans Halte à la croissance?, des conclusions qui n’étaient pas de nature à laisser quiconque indifférent, ce rapport est l’une des premières avancées vers la définition des fondements d’un mode de développement que l’on qualifie aujourd’hui de durable.
1972 - La Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain
La Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain a eu lieu à l’été 1972 à Stockholm en Suède. Probablement pour la toute première fois, des questions d’ordre écologique ont été ajoutées au nombre des préoccupations internationales. L’un des principaux résultats de cette rencontre historique a été l’adoption par les participants d’une déclaration de principes et d’un plan d'action pour lutter contre la pollution.
C'est à l'issue de cette rencontre que le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a été fondé. Au même moment, le Club de Rome publiait le rapport intitulé Halte à la croissance? Rapport sur les limites de la croissance.
1984 - La Commission mondiale de l’environnement et du développement (Commission Brundtland)
En 1984, l'Assemblée générale des Nations Unies confie à Mme Gro Harlem Brundtland, alors premier ministre de la Norvège, le mandat de former et de présider la Commission mondiale de l’environnement et du développement, aujourd’hui connue pour avoir promu les valeurs et les principes du développement durable.
Principalement, la Commission s’est vue confier le mandat de recommander à la communauté internationale des moyens pour préserver l'environnement grâce à une meilleure coopération entre les nations en voie de développement et les pays dits développés, tout en prenant en considération les relations existant entre les peuples, les ressources, l'environnement et le développement. Les travaux de la Commission devaient permettre de dresser un portrait des questions environnementales globales et, enfin, conduire à l’élaboration d’un programme d'action définissant les objectifs de la communauté internationale en matière de développement et de protection de l’environnement.
Au terme des travaux de la Commission, Mme Bruntdland dira de ce mandat :
« […] certaines personnes souhaitèrent que cette enquête soit limitée aux « problèmes de l'environnement ». Ce qui aurait été une grave erreur. L'environnement ne peut être séparé des actions, des ambitions et des besoins de la personne humaine. Toute tentative de le faire en l'isolant des problèmes de l'humanité a donné au mot même d'« environnement » une connotation de naïveté dans certains cercles politiques. […] Mais, attention, l'environnement est le lieu où chacun de nous vit et le développement est ce que nous essayons de faire pour améliorer notre sort à l'intérieur de ce même lieu. Les deux sont inséparables » (Gro Harlem Bruntdland, Notre avenir à tous, Avant-propos, 1987).
Les travaux de la Commission ont amené, en 1987, la publication d’un rapport intitulé Notre avenir à tous, également appelé« Rapport Brundtland ».
1987 - La parution de Notre avenir à tous
Au terme de ses travaux, la Commission mondiale de l’environnement et du développement avait produit un rapport intitulé Notre avenir à tous, traduction française de Our Common Future (1987). Communément appelé « Rapport Brundtland », du nom de la présidente de la commission, la norvégienne Gro Harlem Brundtland, ce rapport popularisera l’usage de l’expression « développement durable » et sa définition.
Notre avenir à tous est un programme global de changement qui expose les liens entre une croissance économique sans limite, l’usage inconséquent des ressources naturelles, la pauvreté et la dégradation de l’environnement. Dans la lignée du rapport publié par le Club de Rome en 1972, Halte à la croissance? Rapport sur les limites de la croissance, Notre avenir à tous indique les problématiques d’envergure planétaire compromettant la santé et la sécurité de l’humanité et, plus fondamentalement, les équilibres écologiques dont dépend la vie. Ce document fixe également des objectifs généraux pour inverser cette tendance. Essentiellement, Notre avenir à tous affirme la capacité de l’humanité à changer le cours de l’histoire en empruntant une nouvelle voie de développement qui soit, cette fois, durable.
1992 - Le Sommet de la Terre
C’est à Rio de Janeiro au Brésil que s’est déroulé le Sommet de la Terre, aussi appelé Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED). Les participants avaient alors défini les principes fondamentaux et établi le programme d’action, nommé Action 21, sur lequel se fondent aujourd’hui de nombreuses initiatives en faveur du développement durable.
Rassemblant près de 200 représentants des gouvernements et un grand nombre d’organisations non gouvernementales (ONG), le Sommet de la Terre a donné naissance à la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, un document capital dans l’affirmation d’un engagement à l’échelle internationale envers les principes du développement durable.
À la suite de ce Sommet, des institutions internationales ont été constituées pour que se concrétisent les engagements pris par les nations présentes. Parmi ces institutions, la Commission du développement durable des Nations Unies assure la promotion, au niveau international, des principes et des pratiques associés au développement durable, et ce, depuis 1992.
La Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement
Par la Déclaration de Rio, les pays signataires ont convenu que la protection de l’environnement de même que le développement social et économique sont fondamentaux pour atteindre un développement qui soit durable. Cette déclaration marque une étape significative dans l’établissement de priorités au niveau international en matière de développement durable.
Le programme Action 21
Action 21 est un programme d’intervention destiné à traduire dans les faits les principes inscrits dans la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement. Action 21 aborde des problèmes planétaires de premier ordre qui sont regroupés sous 39 thèmes qui touchent le développement social et économique, la protection de l’environnement, la gestion des ressources, la participation de la société civile au processus décisionnel et les moyens de mise en œuvre d’un développement durable. Adopté par 179 nations, ce programme constitue un document de référence d’envergure mondiale.
2002 - Le Sommet mondial sur le développement durable
En 2002, le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg, en Afrique du Sud, a été l’occasion pour les participants de renouveler leur engagement envers les principes définis dans la Déclaration de Rio et les objectifs du programme Action 21 et de progresser aussi dans ce sens en mettant la priorité sur certaines cibles. Parmi ces cibles, il y a l’élimination de la pauvreté, la modification des modes de consommation et de production non viables et la protection et la gestion des ressources naturelles. Les participants ont également abordé le thème de la mondialisation et les liens unissant les questions de la santé et du développement. Fait notable, les représentants des gouvernements présents se sont engagés à élaborer des stratégies nationales de développement durable pour les mettre en œuvre avant l’année 2005.
Depuis 2002, certains États, des organisations internationales et des communautés ont adopté et mis en œuvre des stratégies, des plans d’action et des programmes qui découlent des orientations qui avaient été précisées lors de cette rencontre. Le Québec est l’un d’entre eux.
2006 –Loi québécoise sur le développement durable
Le 19 avril 2006, le Québec sanctionnait la Loi sur le développement durable. Adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, elle hisse le Québec au rang des États progressistes en matière de développement durable. Cette loi vise à instaurer un nouveau cadre de gestion au sein de l’administration publique pour que cette dernière, dans l’exercice de ses pouvoirs et de ses responsabilités, intègre les principes du développement durable.
Avec l’adoption de la Loi sur le développement durable, le ministère du Développement durable, de l'Innovation et de l'Exportation s’est vu confier de nouvelles responsabilités afin d’en assurer l’application.
Il doit tout particulièrement:
2007 – Stratégie gouvernementale de développement durable du Québec 2008-2013
La Stratégie gouvernementale de développement 2008-2013 a été adoptée en décembre 2007. Elle est le cadre de référence par lequel le gouvernement indique où il a l’intention d’aller, quels sont les objectifs qu’il veut atteindre et comment il entend s’y prendre. Ainsi, les politiques, les programmes et les actions des ministères et des organismes doivent s’inscrire à l’intérieur de ce cadre de référence, ce qui donne plus de cohérence à l’action gouvernementale dans une perspective de développement durable.
La stratégie soulève trois enjeux :
Pour arriver à ses fins, la stratégie propose également 29 objectifs précis regroupés sous 9 grandes orientations stratégiques :
Les orientations 1, 3 et 6 ont été définies comme étant prioritaires et devront faire l’objet d’activités incontournables dans l’administration publique.